Livres d'histoire
Les livres d'histoire et les parchemins d'histoire sont l'un des principaux moyens de connaître l'histoire dans le jeu.
Les livres d'histoire peuvent être obtenus en orpaillant , en les achetant chez les marchands et en pillant des ruines à la surface et sous terre. Les parchemins d'histoire ne peuvent être obtenus en orpaillant.
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Il existe 6 catégories principales d'histoires : les lettres, Jonas Falx, Tobias, la recherche, les archives de résonance et les chroniques, et chacune d'entre elles peut consister en plusieurs histoires différentes, et chaque histoire comporte généralement plusieurs parties.
Les histoires sont listées ci-dessous sans ordre chronologique particulier.
Lettres
Partie 1
Grand livre de l'Intendant, date inconnue
Nos stocks alimentaires sont épuisés. Il ne reste plus que la viande séchée de loup et de lapin. En gros, il ne nous reste plus qu'à mâcher du cuir. Nos gilets, nos ceintures, nos bottes. Nous tirons notre dernier souffle. La division de chasseurs a réussi à piéger deux écureuils en bonne santé et un oison gris, il y a moins de dix heures, je pense. Ce n'était pas assez pour nourrir tous les ouvriers. Ceux dans les mines ont été prioritaires, leur travail l'exigeait. Malgré le repas supplémentaire, leur santé se dégrade. Nous manquons d'options. De plus, Joseph, Barda et Jarin ont été emmenés ce jour-là. Ils ne se sont pas laissés faire. Les autres ont peut-être encore une chance. Je dois le croire, pour mon propre bien.
Partie 2
Grand livre de l'Intendant, date inconnue
Il fallait que je le dise à la femme de Jarin aujourd'hui. J'étais parti des abris depuis trop longtemps. Nous les perdons, aussi vite que nous perdons tout le reste. La pauvre femme était à moitié morte quand je suis arrivé. Elle ne survivra plus longtemps. Je ne suis resté que le temps de transmettre mes respects.
C'était un homme bon. Je ne serais pas ici aujourd'hui sans son aide. Néanmoins, je ne peux rien faire pour lui ou ses proches. Ils sont comme tant d'autres ici.
Reposez en paix, mon ami. Je suis désolé.
Partie 3
J'ai arrêté de compter les jours. J’ai arrêté de compter les heures. Tout ce que je sais, c'est que chaque instant est le même - sombre, froid, rempli de peur et d'incertitude. Le travail est ardu, tout mon corps me fait mal. Peut-être qu'il me lâchera en premier.
Partie 4
Nous pensions savoir ce qu'était la faim, mais personne n'était préparé à affronter cette famine impitoyable. Je n'aurais pas souhaité cela à mon pire ennemi. La sensation de vide me tourmente. Je ne peux pas l'arracher de mon esprit. Chaque jour qui passe, notre force diminue et notre triste fin se rapproche.
Adélaïde, mon soleil, je vous prie de me pardonner. Je vous ai failli.
Partie 5
Personne ne sait si c'est le jour ou la nuit. Comment pourrions-nous savoir puisque nous ne sommes pas retournés là-haut depuis des semaines, voire des mois ? La lumière des torches est si faible, mais encore une fois, et si je perds la vue ?
Partie 6
Mark, mon petit frère, éternel sceptique.
Notre maison au-dessus a été perdue il y a longtemps. Même si je le voulais, il ne me reste plus de chemin accessible pour atteindre Maidentown en toute sécurité. Les Infectés ne dure pas longtemps là-bas, d'après ce que disent les chasseurs. Je ferais mieux de tenter ma chance ici. Aussi sinistre que cela puisse paraître aujourd'hui, il y a encore de l'espoir pour nous. Nous devons avoir la foi. Faites lui confiance à lui et en ses actes. Il réussira. C'est le seul qui le peut. Soyez patient et continuez à travailler aussi dur que vous le faites toujours.
Je vous embrasse, Annie
Partie 7
Je ne m'étais pas trompé. C'était la Pourriture. C'est la Pourriture. Et en quelques jours, je me transformerai en Pourriture.
Je ne l'ai dit à personne. J'ai simplement quitté le refuge et suis sorti. Le soleil se levait tout juste. Cela faisait de long et pénibles mois depuis la dernière fois que j'avais vu le matin. Mais avec les premiers rayons de soleil inondant le monde, la vue horrible de la terre est apparue. L'horreur que je ressentais était au-delà de toute pensée. Ce qui était autrefois un royaume de plantes fanées et d'arbres nus s'était transformé en une masse putride d'horribles boues noires aussi loin que mes yeux pouvaient voir. L'air était saturé par la mort. Je peux encore le sentir sur ma langue. Il y avait des cadavres en divers stades de décomposition gisant sur le sol. Ils faisaient un bruit nauséabond, s'effondrant sous le poids de mes pas.
Mais le pire ... le pire de ce cauchemar était le silence total et sans fin. Aucune trace de brise, aucune légère agitation d'insecte. La Pourriture elle-même était morte, et tout ce qui restait était une atmosphère lourde. L'extinction dans sa forme la plus pure brillait dans mes sens les plus profonds. Je n'en pouvais plus. Pas à pas, je suis retourné vers la sécurité de la grotte et je me suis effondré sur le sol, sanglotant, hurlant et arrachant la peau de mes doigts affligés. L'image vivante de mon corps rejoignant ces restes contaminés et rongés par la pourriture me paralysait avant même que la peste ne le puisse. J'aurais aimé n'avoir jamais quitté ces murs. Aucun humain ne devrait voir ce que j'ai vu.
Partie 8
Nous ne pouvons nous permettre aucune compassion. Si vous soupçonnez quelqu'un d'être porteur de la maladie, soyez ferme et conduisez-le jusqu'à la tombe la plus proche. Par la force si nécessaire. Une erreur et tout est perdu. Nous devons être inflexibles. Nous devons être cruels au-delà de toute mesure. Moi-même et vos compatriotes ne font pas exception à cette règle. Si vous découvrez la pourriture sur vous, faites ce qui est nécessaire. C'est tout.
Signé,
Maréchal Durick Lawrence
Jonas Falx
Confession
- Voir tapisserie "Saint"
J'ai conduit ces gens ici, dans ces profondeurs infernales. Je les ai livrés aux ténèbres et à la famine comme des agneaux à l'autel, et pourquoi ? Cette création monstrueuse... Je crains de la reconnaître comme mon enfant. Les gens ordinaires la voient comme si c'était le Salut. Comme si c'était Dieu lui-même. Et ils me voient comme le Messie. Je marche le long de leurs allées et de leurs abris précaires, et je frémis devant ce qui reste de l'humanité.
Ils vivent dans la crasse et la faim. Les services publics se sont effondrés sous la longue et insupportable contrainte nécessaire à ce projet. Ces hommes et ces femmes n'ont aucun moyen d'éliminer les ordures. Beaucoup d'entre eux ont déjà été frappés par la Pourriture. Si une autre âme osait s'aventurer à l'intérieur de leur maison, ils la déchireraient en lambeaux pour ensuite s'en nourrir. Et pourtant, par quelque pouvoir, ils résistent à leur faim lorsqu'ils me regardent. Ils pleurent de joie et m'offrent les maigres biens dont ils disposent.
Oh mon Dieu, aidez-moi s'il vous plaît. Je suis toujours votre fidèle serviteur.
Détérioration
- Voir tapisserie Schéma C
Des clameurs incessantes. Les gens crient. Je suis inquiet. Les choses étaient plus calmes avant. Nous avions presque abandonné. Personne n'a parlé, nous avons juste travaillé désespérément sur le projet. Mais maintenant, il est presque temps de le réveiller et les gens sont excités. Ils sont trop excités.
Ils ne savent pas. Ils ne comprennent pas. Je ne comprends même pas.
Qu'avons-nous créé ? Quelle fatalité encore plus grande nous sommes nous infligés ?
Nous aurions dû tous mourir. Peut-être que nous aurions dû mourir quand la pourriture est venue pour nous.
J'ai commencé à voir des choses, même quand je ne regarde pas à travers la Lentille. En marchant dans les couloirs, en regardant les plans, ma vision change soudain et je me retrouve dans un monde que je ne peux pas comprendre. Je suis dans l'autre monde, et il s'infiltre dans celui-ci.
J'ai commencé à remarquer ses effets. Mes créations : adorées par les gens et sans lesquelles ce projet ne pourrait jamais aboutir. Elles me paraissent étranges maintenant. Il y a quelque chose qui cloche avec elles. Je leur ai donné la conscience de l’autre monde. Un eidolon a été retrouvé il y a peu de temps avec du sang et des morceaux de chair sur ses plaques. Les ouvriers ont considéré que c’était un accident, mais je connais la vérité.
Tobias
Le retour
Partie 1
Je me suis réveillé dans le noir. Tout était sombre. Tout était douloureux. Chaque inspiration était une agonie.
Attendre n'a rien changé. J'ai commencé à ramper. Je ne sais pas pendant combien de temps. Des semaines, des mois peut-être. Tous les tunnels avaient changé. Non pas que je puisse me souvenir du chemin pour remonter.
Je tâtais mon chemin, ne trouvant qu'impasse après impasse. Je creusais à mains nues quand je le pouvais. J'entendais d'autres choses, là en bas avec moi.
Finalement, j'ai trouvé une sortie. Tout a changé. De la verdure à nouveau. Marron et rouge et bleu à nouveau. La vie est revenue.
Je pouvais enfin m'examiner. Tout faisait encore mal. J'étais cassé. Chair à moitié partie. Articulations manquantes. Pas de jambe. Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé après que la maladie noire ait atteint ma tête.
Partie 2
Il m'a fallu de nombreuses années pour retrouver ma concentration. Autour de moi, l'humanité a recommencé à s'adapter et à s'épanouir.
Inconscient de leur danger. Je me suis mis au travail ces derniers siècles. Bien que je ne sois ni érudit, ni alchimiste, mon esprit est fort. J'ai déchiffré et appris une grande partie de ce que Jonas et les autres savaient déjà.
J'ai l'intention d'utiliser ces connaissances sous peu pour inverser la tendance. C'est peut-être pour cela que je me souviens maintenant de ces années sombres et douloureuses après le réveil. Que cet effort soit plus doux pour vous, mes amis.
Réflexion
Partie 1
Je ne suis pas du genre intellectuel. J'ai appris dès mon plus jeune âge que la vie est plus facile à appréhender comme une tâche : il y a du travail à faire, alors faites-le et ne vous plaignez pas. Penser semblait être un luxe.
Je suis toujours ce credo, mais à la longue, j'en suis venu à apprécier le pouvoir de la pensée.
La pensée m'a sorti de la misère désespérée. La pensée a donné à mon village la force de survivre aux saisons les plus difficiles. La pensée a vu mon peuple élever la voix dans l'espoir pour la première fois depuis des années. Je parle, bien entendu, de lui. Mon ami et compagnon, Jonas Falx.
Notre tâche ici sera accomplie dans quelques jours. Je souhaite rendre compte des événements qui se sont produits jusqu'à présent. Je ne sais pas si quelqu'un vivra pour lire ceci, mais je ne peux pas m'en empêcher. Une folie m'oblige à écrire, bien que je ne sois pas un maître érudit.
Cette tâche serait mieux appropriée pour Jonas, mais il n'est pas en état de la terminer.
Je m'égare. Permettez-moi de commencer depuis le début et pardonnez-moi mes lacunes.
Partie 2
J'ai suis allé voler sur le domaine des Falx une fois, étant jeune homme. J'avais l'intention de rapporter à la maison plusieurs livres de notre blé et peut-être une poignée de pièces. Je n'ai pas osé en prendre trop. La plupart du temps, le vieux seigneur Falx ignorait notre village insignifiant à l'ombre de son fief, mais c'était un homme dur et rigoureux qui ne souffrirait pas l'insulte d'un vol. J'avais néanmoins l'intention de le voler.
C'est ici, dans l'ombre nocturne, que je suis tombé sur lui : le fils du seigneur, Jonas, trébuchant dans l'obscurité en direction de la bibliothèque. Pour dire vrai, je crus à mon arrêt de mort lorsqu'il me découvrit. Cependant, aucun mal ne me fut fait.
Le garçon cherchait également à éviter la cruauté de son père, et en moi il vit un allié. Je connaissais les forêts et les sentiers autour de ces terres, ainsi que les endroits paisibles. Avec le temps, je les lui fit découvrir. Mon intrusion sur le domaine devint chose courante. Je lui racontais la terre et la vie des fermiers, et en contrepartie il m'offrait des leçons d'écriture, d'art et de philosophie naturelle.
Cet arrangement continua dans le secret jusqu'au jour où le vieux Falx mourut et où je pus franchir la porte d'entrée en tant qu'invité d'honneur. De la même manière, Jonas fut accueilli et honoré lorsqu'il vint dans mon village.
Nous étions devenu rapidement des amis. Des frères. Nous étions préparés pour la tempête à venir.
Partie 3
Ensemble, nous sommes allés à l'université. Jonas, jusqu'à présent, avait fait l'objet de beaucoup de discussions dans la haute société. Ceux qui l'avaient rencontré le considéraient comme une sorte de prodige. Un génie scientifique. Associé à sa seigneurie nouvellement héritée, il était censé faire de grandes choses. Il s'était inscrit à Caydehill pour réaliser ce potentiel. Cherchant à avoir mon propre impact sur ce pays, je l'ai accompagné comme valet de chambre.
Jonas a fait de grands progrès ici. En quelques années à peine, il jouit d'un grand prestige parmi ses pairs et fut consulté pour de nombreuses préoccupations naturelles et philosophiques. Il trouva en lui-même une grande propension à l'invention, produisant de nombreux outils précieux pour soulager les travaux des gens du commun. Pour cela, j'étais très reconnaissant.
Pour ma part, j'avais échoué de façon lamentable à déclencher toute sorte de bouleversement social. Les nobles de l'université ne me prêtaient pas attention, à moins de regards noirs et de menaces directes. Les ouvriers, les chauffeurs et les cuisiniers ont traité mes paroles comme un poison effrayant. Seul Jonas écoutait jamais mes espoirs d'un monde pacifique et équitable libéré des chaînes du servage. Parfois, je soupçonnais qu'il me faisait simplement plaisir en m’écoutant, mais maintenant je sais ce qu’il en était réellement.
Partie 4
C'est à ce moment, quelques années plus tard, qu'un changement s'est produit. Bien qu'il n'ait jamais daigné en parler, je crois que Jonas a fait une sorte de percée. Ses inventions devinrent tout aussi merveilleuses et monstrueuses. Les eidolons, les locustes , les choses sans lesquelles notre entreprise échouerait : il les a créés et les a partagés librement avec le monde. Les gens, qu'ils soient ordinaires ou titrés, ont commencé à le voir comme une lumière brillante qui les guiderait vers une nouvelle ère. En vérité, peut-être cela se serait-il produit sans la grande adversité à laquelle nous avons été bientôt confrontés.
Bientôt, le pays commencerait à comprendre sa propre fragilité. Chaque jour, il y avait de nouveaux rapports. Des réfugiés errant de ville en ville. C'était comme si nous avions tous été condamnés à mort. Cette impuissance me revient encore, quand je ferme les yeux. Lorsque l'empereur a lancé l'appel au rassemblement, Jonas était parmi ceux qui devaient trouver une solution.
J'étais là quand on lui a annoncé la nouvelle. Je me souviens avoir trouvé étrange que son visage soit devenu pâle pendant un instant et qu'il ait semblé trembler de peur. Mais il n'y avait rien d'étrange à cela, je le vois maintenant. Il s'est enfermé dans son laboratoire et m'a demandé de ne pas le déranger. Pendant des mois, il a continué ainsi, ne sortant que pour manger et boire. Son apparence juvénile s'est rapidement détériorée et il semblait qu'un grand poids pesait sur lui. Il émergea à temps pour la Diète, avec un lourd et encombrant tas de schémas.
Partie 5
Pour le reste, j'ai perdu la volonté de parler. Je veux seulement dire que mon ami, mon frère, a fait de son mieux et que je ne suis pas sans espoir. Notre séjour dans ces cavernes sombres ne m'a pas vidé de la vie ; il m'en a convaincu. J'ai vu mon rêve d'un monde meilleur se réaliser dans ces profondeurs. J'ai vu des nobles et des roturiers travailler, chanter, pleurer et mourir côte à côte. J'ai vu des horreurs, mais j'ai vu l'humanité y faire face avec des regards durs et des poings fermés. J'ai lutté aux côtés des étoiles les plus féroces de notre terre en ruine : érudits, ingénieurs, soldats, chasseurs, marchands, voire mendiants. Tous ceux qui ont trouvé la force de résister à notre destin. Mes compatriotes.
Notre plus grande entreprise prendra vie dans quelques minutes. Je vais maintenant rencontrer mes camarades et voir le résultat de ceci : notre dernière, meilleure tactique. Que notre travail ne soit pas vain.
- Voir tapisserie "Le Salut"
Recherche
Le régime des rois
- Voir tapisserie "Le régime des rois"
Notes du scribe, 1318 :
"Maître Jonas Falx, veuillez approcher."
Les seigneurs et les dames se levèrent lorsqu'il entra dans la pièce. Même les rois lui firent de petits gestes de bienvenue. Il se dirigea vers le centre de la cour, son préposé derrière lui portant une grande collection de brouillons.
"Messeigneurs, comme je suis sûr que vous le savez maintenant, nous sommes confrontés à une menace cauchemardesque."
"Cette maladie, ou peste comme on l'a appelée, n'est pas trop complexe. Elle n'est pas non plus au-delà de notre entendement. C'est, tout simplement, la désolation qui se manifeste."
Son assistant déposa alors un certain nombre de diagrammes médicaux sur le sol. Maître Falx passa d'un parchemin à l'autre, faisant des gestes au passage.
"Elle pourrit le corps dans son intégralité. Elle commence par l'extérieur avec une perte de sensibilité de la peau et sa coloration devenant foncée. En pénétrant plus loin dans les ligaments, la victime peut perdre le contrôle de membres entiers. Finalement, la chair se détache par petits bouts. À ce moment-là, la victime est probablement entrée dans un état cataleptique. Cela peut aussi bien être une bénédiction pour elle ; la pourriture aura maintenant envahi ses yeux et ses oreilles, la privant de ses sens. "
Arrivé au dernier parchemin, il s'arrêta et l'examina. De nombreux membres de l'assemblée se penchèrent également en avant pour voir le dessin plus clairement. Depuis le bureau du scribe, on n'en distinguait qu'un amas de gribouillis de charbon de bois.
"C'est tout ce qui reste de ces pauvres âmes. Dans ses derniers stades, la pourriture consume l'esprit et le corps tout entier, ne laissant plus rien de distinct."
Ici, Sa Majesté, le roi d'Undland, intervint: "N'y a-t-il vraiment aucune méthode pour traiter cette maladie ? Quelles sont les mesures de prévention dont nous disposons ?"
"Aucune prévention, Sire, excepté l'isolement total de la population. Même une méthode aussi drastique que celle-ci ne durera que jusqu'à ce que les ressources alimentaires soient infectées. Quant au traitement, je n'en ai découvert aucun. Peut-être que certains de mes supérieurs de l'académie ont fait des progrès, mais à en juger par leur silence, je ne pense pas."
Il s'arrêta à nouveau ici et s'éclaircit la gorge.
"C'est une mort certaine. Cependant, je me tiens ici maintenant pour vous offrir un meilleur sort."
Le journal de Dmetri
Partie 1
Voici les conclusions de Dmetri Arvo, concernant les philosophies naturelles de l'Université de Caydehill :
Je n'arrive pas à le comprendre moi-même. Cela me dérange terriblement. Lord Chamberlain Folse sera ici dans le mois qui vient ; il emportera sans aucun doute avec lui la fin de mon érudition si je ne lui donne pas ses réponses. Ma seule consolation ici est que les autres savants ont échoué plus amèrement que moi. L'un d'eux, le plus âgé et goutteux, a pris feu dans son laboratoire en essayant d'incinérer la saleté noire.
Quant à moi, je déteste même m'en approcher. Cet... excrément, quel qu'il soit, je me surprends d’une prudence redoublée chaque fois que je l'examine. Il semble se propager, quelle que soit la condition. Aucune procédure que j'ai essayée ne peut l'arrêter. J'oscille entre la fureur et la fuite. Comment dois-je le tuer ? Que puis-je faire pour l'arrêter ? Et tout de même, que puis-je faire ? Peut-il être arrêté ? De quel terrible fléau s'agit-il ?
'Mais en voilà assez. La substance sombre hante mes pensées, mais je ne subirai pas son règne. Le Lord Chamberlain sera bientôt là et j'ai l'intention d'avoir des résultats.
Partie 2
Voici les conclusions de Dmetri Arvo, concernant l'ordre naturel de l'Université de Caydehill :
Ce garçon, Falx, est venu me rendre visite aujourd'hui. Embarrassant. Si c'était ma décision, je l'aurais renvoyé d’où il vient avant même qu'il jette un coup d'œil dans notre bibliothèque, mais le recteur ne voulait rien entendre. Il semble que la peur du père du garçon se soit propagée à travers toute l'académie. Incroyable. Penser que cet homme, ayant débuté comme mercenaire et s'étant frayé par l'épée un chemin jusqu'à la noblesse, puisse ainsi faire frémir et subjuguer ces personnes de haut lignage. Peut-être que je ne devrais pas en être surpris.
C'est de la folie, cependant. La maison d'Ingmar Falx ne devrait jamais être accueillie dans nos institutions. Nous, des lignées les plus fines, ne devons pas céder aux gens du commun. Ils peuvent gagner la faveur de l'empereur avec des villes conquises et des champs en feu, mais nous aurons toujours son attention avec notre perspicacité et notre grâce supérieures. C'est un droit de naissance que nous risquons de perdre si les petites gens recevaient une bonne éducation.
Partie 3
Voici les conclusions de Dmetri Arvo, concernant l'habitat naturel de l'Université de Caydehill (et ses territoires environnants) :
Malgré tous mes efforts, j'ai été recruté pour un séjour dans les champs et les fermes des paysans voisins. Depuis une semaine, divers paysans et marchands affluent à l'université en masse, bêlant pour notre sagesse et notre aide. Apparemment, un nouveau fléau menace de ruiner la récolte de l'année, et ils ne peuvent pas résoudre cette affaire tout seuls. Eh bien, telle est la responsabilité de la classe savante.
Après un court trajet en calèche, cette expédition nous a amenés, mes deux collègues et moi-même, vers le sud jusqu'au village de Grolte. Un village misérable et boueux, pour sûr. Nous avons élu domicile dans la maison du maire, où j'écris maintenant cette note. Le maire a juré de nous emmener dans les champs infectés demain dès le lever du jour. J'ai hâte de terminer cette tâche rapidement et de reprendre mes études. Peut-être qu'un bain chaud et un peu d'épouillage seront également de mise.
Partie 4
Voici les conclusions de Dmetri Arvo, concernant les travaux du Régime des Rois :
C'est un génie. Là, je l'admets. Je ne voulais pas l’admettre depuis trop longtemps. Il est le seul à pouvoir nous sauver à ce stade. Peut-être qu'il a toujours été le seul espoir.
La convention est parvenue à un accord. À la lumière des rapports interminables de dévastation et de l'effondrement de deux royaumes voisins, nous avons décidé que la Grande Machine du Seigneur Falx était notre seule option viable. Nous devons commencer à envoyer des matériaux immédiatement.
Partie 5
Rangez les bécherets. Retirez les outils des murs. Oubliez les plans d'une grande ambition et d'un grand but. Prenez seulement votre stylet en main et écrivez vos derniers mots. Offrez des éloges et des remerciements là où cela est mérité. Dites adieu à ceux qui sont encore là. Maintenant allez vous tenir en ville. Tenez-vous dans les collines et les vallées. Levez-vous et soyez témoin de la fin qui arrive pour nous tous.
Les choses n'ont pas toujours été si sombres, n'est-ce pas ?
Non, pas toujours.
Je me souviens d'un temps plus serein. Je me souviens avoir couru dans la forêt. Je me souviens d'une fille sotte qui me regardait de l'autre côté de la table. Je me souviens du regard méprisant d'une noble dame.
Un fléau s'est abattu sur nous. Un fléau, en effet.
Les Archives de Résonance
Un désagrément
Toutes nos excuses, Florian.
Nous avons fait face à une pénurie de fournitures concernant le générateur. J’ai déjà mentionné que la pompe est cassée. Nous avons également trouvé un problème avec l’un des engrenages ce matin.
Naturellement, j'ai déjà réparé l'engrenage et j'ai seulement besoin de le replacer maintenant, mais il peut y avoir un certain retard avant que nous puissions réquisitionner une nouvelle pompe. Je vais demander à Wade et à son équipe si je peux convertir l'un de ses appareils dans les mines, mais je soupçonne qu'il sera réticent à s'en séparer.
En attendant, je crains qu'il y ait une certaine perturbation des mécanismes faisant fonctionner ces archives. Je sais que les scribes trouvent cela déplaisant, mais vous devrez entrer dans la bibliothèque en passant par la salle d’entretien pour le moment. Ne vous inquiétez pas, il ne vous dérangera pas.
- - Ibrahim
Jérémiade
Fatigué de tout ce maudit pelletage.
Chaque matin, « Eustace, la chaudière a besoin de plus de charbon ». Et chaque nuit, « Eustace, le gazogène a besoin de plus de charbon ».
Je suppose que je devrais être reconnaissant d'être encore en vie à ce stade, mais honnêtement, ne pourraient-ils pas fabriquer une sorte de petit homme en métal pour pelleter le charbon ? Et enfin me laisser tranquille.
Je veillerais à ce qu'ils restent tous les deux allumés, bien sûr. Je m'assurerais que les petits hommes en métal continuent leur travail et tout ça.
Oui, j'aime bien cette pensée. Le contremaître Eustace, qui maintient tout en marche. Vraiment une pensée réconfortante.
Chroniques
Rickhart l'Oreillard
Partie 1
N'allez jamais dans les grottes. N'allez jamais sous terre. Vous n'avez pas entendu l'histoire de Rickhart l'Oreillard ? C'était un jeune garçon, comme vous tous. Curieux, turbulent, et prêt pour l'aventure. Certains disent qu'il est né dans un des villages des environs.
Il n'y avait pas grand chose à faire dans les champs pour un garçon comme lui. Il n'avait pas le coeur à labourer la terre ou à récolter le blé. Une année, comme c'était la saison des récoltes, il décida de s'éclipser pendant que tout le monde travaillait. Il savait que son père serait furieux, mais Rickhart était un garçon intrépide et il voulait son aventure.
Après une longue journée à parcourir la lande et la forêt, le jeune Rickhart s'était beaucoup amusé, mais maintenant la colère de son père était présente dans son esprit. Il était terrifié à l'idée de rentrer chez lui, alors il décida de passer la nuit dehors et de laisser à son père le temps de se calmer et de s'inquiéter pour lui.
Il n'était pas très brillant, mais il n'était pas très stupide non plus. Il savait au moins qu'il ne fallait pas se faire surprendre à errer la nuit. Avant que le soleil n'est disparu, il trouva une grotte profonde et bien cachée et décida d'y passer la nuit.
Partie 2
Le soleil s'était couché, et il s'était construit un beau feu juste à l'entrée de la grotte. Il y était en sécurité et caché, mais le sol rocheux était inconfortable et Rickhart en avait marre de rester assis. Alors il décida de jouer à un petit jeu avec lui-même. Il s'avançait dans l'obscurité de la grotte et voyait qui perdait le premier : son courage ou la grotte.
Alors il commença à s'enfoncer plus profondément dans la grotte, ignorant tous les avertissements que ses parents et ses aînés lui avaient donnés depuis sa naissance. Ils lui avaient toujours dit qu'il y avait des choses sombres sous la terre. Plus sombres encore que les monstres que nous voyons la nuit. Rickhart avait peur, c'est sûr, mais c'était d'autant plus excitant pour lui. Il sentait qu'il s'enfonçait dans la vraie aventure en faisant un pas, puis un autre, de plus en plus profond.
Partie 3
Son cœur battait comme un tambour le soir du festival, mais il continuait d'avancer. Il gloussait maintenant, pensant à tout le plaisir qu'il prenait. Il était sûr que tout cela n'était qu'une simple balade, mais les images de chair déchirée, de longs membres poilus et de métal grinçant commencèrent à lui remplir la tête. Il pouvait entendre la voix rauque de sa grand-mère, en se rappelant toutes les vieilles histoires qu'elle lui avait racontées sur les Vagabonds et les horribles monstres souterrains.
Sur le point d'abandonner et de s'enfuir, il se cogna la tête la première contre le mur de la grotte. Il avait réussi à aller jusqu'au bout. Il poussa un soupir de soulagement, fit une petite gigue pour célébrer sa victoire et fit volte-face pour retourner vers son feu chaud - seulement, quand il fit son premier pas, le sol se déroba sous lui. Il tomba et tomba sous terre, s'écorchant et s'arrachant la peau tout le long de sa chute.
Partie 4
Quand il s'est finalement arrêté et a eu l'occasion de se redresser, il était bien en dessous de la petite grotte où il avait commencé. Maintenant, le jeune et stupide Rickhart n'avait qu'une chose en tête : il voulait rentrer chez lui aussi vite que possible. Cela dit, il ne pouvait rien voir dans l'immense obscurité, et il était tellement désorienté par la chute qu'il ne savait pas très bien de quel côté il était venu. Tout ce qu'il pouvait dire, c'est qu'il avait atterri dans une grande caverne, et qu'il ne pouvait le savoir qu'au son des rochers qui glissaient derrière lui.
Partie 5
Il commença donc à se guider au toucher, cherchant quelque chose, n'importe quoi pour lui indiquer une direction. Ses mains trouvèrent une paroi rocheuse, mais elle avait quelque chose d'étrange. La pierre était lisse au toucher. Il la suivit pendant quelques pas et réalisa qu'elle formait un mur entier de roche lisse et régulière. Il y avait une sorte de mur ici, taillé dans la terre.
N'ayant pas d'autre choix, Rickhart tint sa main contre la paroi et l'utilisa comme guide, marchant le long de celle-ci, mais elle le conduisit plus profondément dans la caverne. Il la suivit pendant un moment, jusqu'à ce qu'elle se dérobe soudainement et que Rickhart perde l'équilibre, trébuchant sur le sol. Il se releva et décida de ne pas prendre le risque de s'aventurer plus loin. Il se tint de nouveau à la paroi et essaya de retourner à l'endroit où il pensait être tombé à travers la terre.
Seulement, après avoir parcouru une bonne distance, il se retrouva curieusement plus loin dans la caverne, à en juger par le bruit de ses pas. Dans sa confusion, il tendit la main dans l'obscurité béante au-delà de la paroi... Et il la sentit toucher un autre mur de pierre étrange et sculpté. Il se rendit compte soudain qu'il s'agissait d'une sorte de labyrinthe, rempli de murs de même forme et de même style ; il avait dû s'accrocher au mauvais mur après être tombé sur le sol.
Partie 6
Il était perdu. Piégé sous terre dans un labyrinthe sombre, avec pour seule compagnie les histoires horribles de sa grand-mère. Il se souvint soudain de tous les avertissements qu'on lui avait donnés. Ne va jamais sous terre. Il y a des choses sombres là-bas. Des terreurs que tu ne peux pas comprendre. La peau de Rickhart tressaillit. Il sentit des yeux sur lui. Ces "choses" inconnues qui le regardaient. L'attendaient. Il entend des mouvements. Un bruit rampant résonne dans la caverne. Il se rapproche.
Paniqué, Rickhart se retourna et courut à travers le labyrinthe, trébuchant de mur en mur, se déplaçant aussi vite que possible pour s'éloigner du bruit. Il pouvait encore l'entendre se rapprocher. Il pouvait l'entendre respirer maintenant, silencieux et strident. Il pouvait le sentir juste derrière lui. Quelque chose de grand et couvert de poils. Il était terrifié. Il était sûr que c'était la fin.
Partie 7
Juste à ce moment-là, il se heurta à quelque chose de différent. C'était grand, froid, métallique, et ne bougea pas quand il se heurta contre. Rickhart fut jeté à terre par l'impact. Le bruit de reptation s'arrêta. À sa place, cette large chose métallique commença à bouger.
Il entendit des cliquetis, des bruits d'engrenage, de chocs, de jets de vapeur et d'autres sons méconnaissables. La chose semblait se retourner pour lui faire face. Il était paniqué, essayant désespérément de disparaître et, il ne savait comment, de se réveiller dans les champs de blé chauds et de sentir l'odeur de la cuisine de sa mère, mais au lieu de cela, tout ce qu'il pouvait sentir était quelque chose comme des œufs cassés, laissés au soleil.
La chose cessa de bouger. Elle cessa de faire du bruit. Elle restait là, comme une statue. Rassemblant ses esprits un instant, Rickhart réalisa qu'elle ne l'avait peut-être pas vraiment remarqué. Alors qu'il était sur le point de s'éloigner, la chose braqua une lumière intense sur son visage. Rickhart cria.
Partie 8
Deux jours plus tard, les villageois le trouvèrent après avoir passé la forêt au peigne fin. Il tremblait. Il était complètement aveugle. Couvert de terre. Ses mains étaient en lambeaux. Il dit qu'il avait creusé pour sortir. Il avait juste choisi une direction et commencé à creuser. Il avait émergé d'une colline voisine. Il avait eu de la chance, je suppose. Ils le ramenèrent chez lui et firent ce qu'ils pouvaient pour s'occuper de lui, mais il ne fut plus jamais le même après ça. Sa vision ne revint jamais. Il avait encore des crises de tremblements de temps en temps. Il fallut des années pour que sa famille parvienne enfin à lui faire dire ce qui s'était passé. Ils en parlèrent au reste du village, et l'histoire se répandit à partir de là.
Parfois, il racontait l'histoire à des voyageurs curieux et à de jeunes enfants. Il y avait une chose qu'il disait toujours. Une chose avec laquelle il terminait toujours son histoire. Il disait : "Vous vous souvenez de la chose géante en métal dont j'ai parlé ?", en se penchant pour se rapprocher. Il murmurait : "La chose qui m'a éclairé ? Eh bien, en vérité, ce n'était pas du tout une lumière. Non, pas du tout. C'était un œil, vous savez. Il m'a vu. Il me regardait fixement. Je peux le sentir me fixer tout le temps. Sauf quand je raconte cette histoire. Alors il détourne son regard de moi. Et où pensez-vous qu'il regarde à la place ? Je suis sûr que vous le découvrirez."
Détérioration
Des clameurs incessantes. Les gens crient. Je suis inquiet. Les choses étaient plus calmes avant. Nous avions presque abandonné. Personne n'a parlé, nous avons juste travaillé désespérément sur le projet. Mais maintenant, il est presque temps de le réveiller et les gens sont excités. Ils sont trop excités.
Ils ne savent pas. Ils ne comprennent pas. Je ne comprends même pas. Qu'avons-nous créé ? Quelle fatalité encore plus grande nous sommes nous infligés ?
Nous aurions dû tous mourir. Peut-être que nous aurions dû mourir quand la pourriture est venue pour nous.
J'ai commencé à voir des choses, même quand je ne regarde pas à travers la Lentille. En marchant dans les couloirs, en regardant les plans, ma vision change soudain et je me retrouve dans un monde que je ne peux pas comprendre. Je suis dans l'autre monde, et il s'infiltre dans celui-ci. J'ai commencé à remarquer ses effets. Mes créations : adorées par les gens et sans lesquelles ce projet ne pourrait jamais aboutir. Elles me paraissent étranges maintenant. Il y a quelque chose qui cloche avec elles. Je leur ai donné la conscience de l’autre monde. Un eidolon a été retrouvé il y a peu de temps avec du sang et des morceaux de chair sur ses plaques. Les ouvriers ont considéré que c’était un accident, mais je connais la vérité.
Brèves discussions avec le Voyageur
Partie 1
ACTE I.
SCÈNE I. Une grande étude remplie de chartes et d'emballages.
[ODWIN à son bureau, travaillant intensément. Entre tout à coup le VOYAGEUR.]
[LE VOYAGEUR observe ODWIN et son étude pendant quelques instants. ODWIN ne l'a pas remarqué.]
VOYAGEUR
- Je vois que vous avez passé pas mal de temps ici.
ODWIN (surpris)
- Quoi ! Qui... Mes aïeux, qui voilà ?
- Qui se tient devant moi ?
- Si vous n'avez pas de rendez-vous, sortez de mon bureau.
- Je n'ai pas de temps pour les manants.
VOYAGEUR
- Je me demande si vous pourriez reconsidérer.
- À quel point êtes-vous différent d'eux,
- quand votre valeur est pesée en entier ?
ODWIN
- Je ne comprends pas ce que vous dites.
- Regardez juste là-bas.
- Regardez les gens creuser pour des vers.
- Creuser pour des carottes et du fer.
- J'ai dépassé tout cela. A travers mon propre travail !
- Pourquoi être une larve quand vous pourriez être un lion ?
- Qu'importe s'ils en souffrent ?
- Le lion ne pleure pas sur son repas.
VOYAGEUR
- Peut-être avez-vous raison, monsieur, cependant
- Je ne peux qu'espérer le contraire.
- Dans quel monde cruel vous vous peignez.
- Je me demande, que ferez-vous
- quand un plus grand lion viendra pour vous affamé ?
- En effet, il ne pleurera pas pour vous.
- Faudra-il alors pleurer seul, à la fin ?
ODWIN
- Hum ! De quel sentiment s'agit-il ?
- Nous sommes seuls depuis le début.
- Devrais-je rencontrer un ennemi écrasant,
- C'est ma propre faiblesse que je devrait blâmer.
[Le VOYAGEUR part soudainement]
- Bien sûr, personne ne me pleurera !
- Ah, mais il est déjà parti.
Partie 2
ACTE II.
SCÈNE I. Une vaste forêt.
[CASSIA accroupie, arc à la main. Elle espionne sa cible et tend la corde.]
[Arrive soudainement le VOYAGEUR, juste devant CASSIA.]
CASSIA
- Ha! C'est le joyeux vagabond lui-même!
- Je t'ai presque pris pour un cerf.
VOYAGEUR
- Il y a peut-être du mérite à une telle pensée.
- Même si je ne ferais pas un si bon repas.
- Vous semblez à l'aise, chasseresse.
- N'êtes-vous pas choquée de mon arrivée ?
CASSIA
- Mes yeux ont vu bien des choses
- Cela fait de votre magie un spectacle dérisoire.
- Vraiment, qu'est-ce qu'un homme étrange
- par rapport à l'étrangeté
- de ce monde mouvant et monstrueux ?
- J'ai vu des os tomber de la peau,
- Et le temps se détourner.
- Je l'avoue, seules ces visions
- maintenant mérite mes cris.
VOYAGEUR
- Pendant un moment, j'ai questionné
- votre solitude. Je vois maintenant,
- pourquoi vous marchez sur cette piste.
- Quelle honte ! J'ai été stupide.
- C'est agréable, oui,
- de parcourir les forêts et voir
- l'ombre de notre canopée,
- Mais vous ne devez pas oublier ceci :
- Ce n'est que par la grâce de la lumière
- que vous pouvez être témoin de n'importe quelle évènement.
- Nous sommes tous des imbéciles aveugles sans cela,
- trébuchant tranquillement d'un endroit à l'autre,
- tout comme moi.
CASSIA
- Hm. Peut-être vous ai-je jugé à la hâte.
- Vous avez une bonne dose d'esprit,
- Bien que votre harcèlement porte
- le poids de cet argument.
Partie 3
ACTE III.
WYRE
- Oui, il vaudrait mieux être un homme d'argent.
- Je pourrais tenir mon propre donjon
- et dès lors, exiger tout ce que je désire.
- Souhaiterais-je un bon souper ? Eh bien, je sonnerais simplement une cloche,
- et en peu de temps, un canard rôti apparaitrait devant moi.
- Ou peut-être un cheval ? Facilement,
- Ils survoleraient les champs pour porter ma selle.
- Et si mes demandes ne sont pas satisfaites immédiatement ?
- Je me chercherais une foule hargneuse,
- telle que celle auquelle je suis vraiment donné,
- et demanderais à ces vilains de trouver leurs propres cloches à tordre.
VOYAGEUR
- Homme intelligent ! Votre sorte m'est familière.
- Mes yeux peuvent voir les efforts de votre esprit
- aussi clairement que les peines de vos mains.
- Votre tête est autant en jachère que votre champ.
WYRE
- Il suffit ! J'ai déjà fait connaître mon intention.
- Il n’y aura pas de labourage tant que je ne sentirai pas le poids des pièces dans ma main.
- En attendant, je vais rester sur les chemins de traverse et commencer ma fortune
- des partages des anciens marchands.
- Si je dois combattre les les rôdeurs près de chez moi,
- alors je les combattrai sur les routes.
VOYAGEUR
- Allons allons, regardez cette terre.
- Ne voyez-vous pas la vie sous la surface ?
- Regardez regardez ! Il y a une forteresse secrète pour vous là dessous.
- Il y a un avenir ici au-delà de votre détresse.
- Même si vous devez travailler, vous maniez la force
- de soulever des montagnes. Une graine, plantée avec patience,
- prendra racine et poussera haut. Plus haut que votre inquiétude.
- Voilà le cadeau, la grande citadelle de l'humble fermier.
WYRE
- Oh, vraiment ?
- J'aimerais vous voir essayer un jour !
- Je me demande comment vos propres mains finiraient
- sous le poids de la faux et du râteau.
VOYAGEUR
- Croyez-moi, cher homme,
- J'ai beaucoup travaillé,
- et je vois encore les fruits de mon travail exposés devant moi.
[Il s'en va]
Partie 4
ACTE IV.
SCÈNE I. Un petit cimetière.
[METILDA s'agenouillant devant une pierre tombale.]
[Entre le VOYAGEUR soudainement, à distance]
VOYAGEUR
- Ah... je connais ce spectacle.
- C'est ici que les mots se taisent
- Et le rêve noble mis au repos.
- Puis-je me pardonner un moment de faiblesse :
- Ma peau aspire à la caresse du sol.
- Pleureuse silencieuse, je vous en prie, accordez-moi cette faveur,
- Parlez-moi de celui que vous avez perdu
- Et des beaux jours passés.
METILDA
- C'était mon mari, étranger.
- Un homme bruyant et un pauvre en gaieté,
- mais il était patient et obstiné.
- Jusqu'à son dernier souffle, il s'est cru
- guéri de sa maladie.
- Quant aux beaux jours,
- Je ne peux penser à aucun.
- La faim, le froid, les cris immondes de la nuit.
- Ils ont toujours été là et resteront.
- Imbécile qu'il était, mon cher Flynnt a échappé à notre chagrin.
VOYAGEUR
- Je vois que je vous en ai trop demandé.
- Je ne peux pas espérer vous rendre la paix,
- Je ne peux pas non plus tenir le soleil dans le ciel,
- Ni réchauffer la terre triste,
- Ni bannir les monstruosités.
- Non, je ne suis qu'un homme,
- Mais je peux vous offrir les connaissances que j'ai.
- La connaissance qui m'a soutenu,
- A travers mes années de doute :
- Il y a plus dans ce monde
- Que peut appartenir à l'homme ou à la raison.
- Même si c'est douloureux,
- Je vous supplie de vous accrocher à l'espérance qui vous lie.
- Il y a plus de force à rêver qu'à désespérer.
- Vous n'êtes pas seule, même dans ce tombeau de silence.
- Travaillez avec vos camarades,
- Tenez ferme vos fantasmes déroutants,
- Et vous pourriez vous retrouver, un jour,
- En présence de chaleur et d'abondance et de sanctuaire.
METILDA
- Je vous connais maintenant, étranger.
- Vous êtes cette âme perdue de chanson et de conte.
- Toujours en retard, ne s'attardant jamais,
- pourtant vous partez plus que vous n'arrivez.
Le matin
- Voir tapisserie "Le Matin" .
- Voir "Le matin" (version anglaise avec illustrations).
Partie 1
Venez, venez !
C'est une histoire pour vous aider à traverser la longue et froide nuit quand elle vient pour vous, comme elle vint, cette nuit, pour nous. Pensez-vous que nous avons été les premiers à ressentir le froid ? Les premiers à voir les fantômes errer dans la nuit? Non ! Cela se produisit depuis l'époque de mon grand-père. Depuis le temps encore avant ! Je vais vous dire quand cela a commencé. Lorsque Bearfirth, la première d'entre nous, a vu la lumière protectrice s'éteindre et s'est rendu compte qu'elle n'était pas seule dans les forêts...
Il fut un temps avant celui-ci, quand le monde était sombre. Il n'y avait rien là-bas. Pas de lumière. Pas d'arbres. Pas d'oiseaux et pas de musique. Quelle horreur ! Un grand miasme du néant. Pouvez-vous imaginer un tel endroit ? A travers ce vide, une femme rampa. Seule. Affamée. Perdue. Elle ne connaissait que la souffrance. Ne connaissait que la douleur et le chagrin. Mais elle a continué à vivre, car elle ne connaissait aucun autre chemin.
Partie 2
Un jour, elle rêva de grandes tempêtes, de la terre tremblante, d'engrenages qui tournaient et elle se réveilla dans un nouveau monde. Un monde vibrant. De la lumière ! Une belle lumière ! Et une belle verdure ! Il y avait maintenant des oiseaux et des bêtes. Des fruits et les céréales. Des rivières sinueuses et de grandes montagnes. Là où auparavant il n'y avait plus rien, il y avait de la merveille partout. Elle fut la première à parcourir notre monde. Notre foyer. Ainsi, elle connut la joie. Mais quand le soleil quitta le ciel et que la nuit tomba sur la nouvelle terre, elle entendit les chuchotements, les gémissements, les bruits de pas de ces abominables ombres qui nous hantent encore. Elle apprit alors à connaître la peur, et c'était une peur terrible ! Elle s'enfuit sous la terre vers des endroits calmes. Plus profondément, elle s'en alla, traquée par les voix fétides, jusqu'à ce qu'elle tombe sur quelque chose de caché et d'étrange. Là, dans le noir, elle se retrouva en présence d'un dieu.
Partie 3
Et ainsi le premier Pacte fût conclu. Le dieu lui accorda une folie. La folie de continuer à lutter face à la peur. En échange, elle lui jura fidélité. Elle jura de ne jamais oublier ce que le dieu lui avait appris. Puis elle remonta. Elle revint à la surface, et dans sa folie, elle combattit les monstres qui la pourchassaient. Pendant douze ans, elle combattit ! Chaque jour, elle se reposait et profitait des abondantes merveilles de ce monde, et chaque nuit elle se levait et combattait les créatures qui venaient la chasser. Elle en abattit des centaines, mais ils revenaient toujours. Au fil du temps, elle s'assagit. En montant vers le plus haut sommet des montagnes, elle appela - Appela ! D'une voix claire qui résonnait à travers les vallées, elle appela, "Je suis Bearfirth ! Je suis puissante ! Si tu entends ma voix, viens me trouver ! Viens me chercher dans les plaines, dans les forêts, au bord des rivières! Trouve-moi, et toi aussi tu seras puissant !"
Et sa voix fut entendue. D'autres hommes et femmes apparurent. Ceux qui s'étaient cachés dans la terre et les racines. Dans les ombres grises. Ils entendirent sa voix et furent subjugués. Ils la suivirent jusqu'à la source et se réunirent en foule devant elle. Ils avaient peur et avaient faim.
Partie 4
Vint ensuite le Second Pacte. Elle leur offrit la sagesse en échange de la force. Les gens, avides de conseils, acceptère ce pacte. En travaillant ensemble, Bearfirth et ses compagnons construisirent la première maison. Ses murs n'étaient faits que de boue et de pierre, mais les fantômes n'avaient pas le pouvoir de les détruire lorsque le soleil quittait le ciel. Les gens se réjouirent quand ils virent cela, mais Bearfirth, en réalisant qu'elle n'aurait rien à combattre cette nuit-là, sentit les innombrables années d'épuisement, jusqu'alors retenues par la force de sa volonté, retomber désormais sur elle comme une enclume. S'effondrant au sol, elle savait que sa vie parvenait à sa fin. Les gens se rassemblèrent autour d'elle, effrayés et perdus à nouveau à la pensée de sa disparition. Ils pensèrent devoir retourner dans la terre et les racines si elle partait. Ils pensaient que c'était par elle que le matin apparaissait dans le ciel.
Partie 5
Voyant cela, elle conclut le Troisième Pacte, le dernier ! Elle leur demanda, "Survivez cette nuit. Restez vigilant, n'abandonnez pas encore. Faites cela pour moi et ma force sera à vous." Son peuple hésita, mais il s’en tinrent au pacte. Ils veillèrent. Les ombres hurlaient et rugissaient - Peux-tu les entendre ? Ils sont toujours là dehors, nous hurlant dessus maintenant ! Mais son peuple ne couru pas. Ils avaient un serment à tenir. Ils construisirent des murs plus forts et firent confiance à Bearfirth pour tenir sa part du marché. Quand le soleil revint enfin, il les trouva fiers et enthousiastes. Enfin, ils connaissaient la folie que connaissait Bearfirth : ils avaient appris qu'en se battant face au désespoir, ils pouvaient tout accomplir. Avec cette nouvelle force, ils travaillèrent ensemble et construisirent un grand village. Ils se répandirent jusqu'à des terres lointaines, construisant des villages et aidant ceux qui se cachaient. Et toujours, ils gardèrent en mémoire cette longue nuit et le lever du soleil qui vint après.
Le mécénat de Tibalt Amaro
- Voir tapisserie Schéma B
Partie 1
Salutations !
Ridicule. Non.
Oyez !
Je suis Tibalt Amaro, cousin du Roi et troisième vicomte de...
Non. Supposons que je parle simplement...?
J'ai fait un achat hier. Un peu étrange. Ayant tout juste quitté la résidence de mon cousin le Roi, et voyant l’une de ces… Cloches, comme on les appelle, même si je ne sais pas pourquoi, rien de tel à leur sujet. Elles ressemblent davantage à un serpent, me semble-t-il. Je suis un homme qui craint Dieu et je trouve cette forme dérangeante. Curieux que notre Église, si désireuse de réprimander chaque ivrogne et amateur de plaisirs charnels, reste largement muette sur celles-ci. Vraiment.
Où en étais-je...
Mon cousin le Roi jure que par cet engin, et cela m'a coûté une belle somme, mais bientôt, d'après ce que j’entends, aucune maison noble ne saurait s'en passer. Je me demande quels autres outils de ce genre il peut exister et quelle pourrait être leur utilité. Sur le chemin du retour vers mes terres, j'ai entendu parler d'un alchimiste ambulant venu d'Orient, et j'ai décidé de l'inviter ici avec son chariot de curiosités. Suivant la qualité de son spectacle, je pourrais l’accueillir pendant un certain temps, même s’il ferait bien de me divertir. Nous verrons comment il s'en sort.
Ah, mon gosier est sec. Je suppose que c'est suffisant pour l'instant. Comment rendez vous cette chose inerte ?
[Traînement, suivi d'un grattement, suivi d'un cliquetis jusqu'à un bruit sourd soudain, puis silence]
Partie 2
Oui. Donc. Je vais maintenant parler. Hum.
Je commence à m'habituer à l'apparence de cet appareil, même si cela fait quelques jours que je ne l'ai pas utilisé pour la dernière fois. Un dysfonctionnement - un oubli du marchand véreux, j'en suis sûr - l'a fait rester là, attendant que l'homme arrive et le répare. Il vaudrait mieux que ça marche bien maintenant, ou mon cousin, le roi, l'apprendra.
J'ai déjà mentionné un inventeur. Un homme du nom de Dastan, d'où il est originaire et pourquoi il n'utilise que son prénom, il ne le dit pas. Un petit homme calme, discret et humble.
[Grognement audible]
Dieu Tout-Puissant, quel ennui.
Dans ma fascination soudaine pour ces jouets mécaniques, j'ai supposé que les inventeurs sont universellement brillants et intrigants, mais non. Ce nommé Dastan a apporté avec lui des bibelots et des babioles en abondance, mais rien de vraiment inspirant. Une balle qui tourne dans les airs lorsqu'elle est lancée - un tour de salon, un amusement approprié pour un enfant peut-être, mais rien de plus. Un roseau court, à travers lequel le vin peut être versé et qui le rend soi-disant plus agréable au goût - même si je n'ai goûté aucune différence. Un moulin à épices en forme de bête exotique et imposante… le reste est trop peu inspirant pour être remarqué.
Je lui donnerai peut-être un jour ou deux de plus pour présenter quelque chose de sa charrette branlante pour vraiment mettre une étincelle dans mon œil, sinon mon hospitalité prendra fin. Je n'ai aucune patience pour les charlatans !
Partie 3
[La voix du noble est excitée, le changement de tonalité évident par rapport aux entrées précédentes]
J'avais décidé ce jour de finalement chasser l'inventeur, mais il a enfin sorti un jouet digne d'intérêt ! Je l'ai entendu travailler sur quelque chose dans les écuries durant la nuit, l'homme semblait ne pas avoir dormi du tout quand je me suis approché. C’était une chose des plus particulières : des ailes faites d'un tissu épais et étalées sur une armature, telles que je n'en avait jamais vues - dire qu'il les avait cachées pendant tout ce temps. « Elles ne sont pas prêtes et doivent subir des essais." dit-il. "Venez maintenant", dit-je, "le ciel est clair et vous avez sûrement confiance en votre art ?"”
Cruel, peut-être, mais le jeu en valait la chandelle.
Dastan porta l'engin sur une colline voisine et descendit comme il l'aurait fait avec un chariot. Il semblait qu'il s'effondrerait en bas, mais quelque chose de miraculeux a commencé à se produire devant nos yeux : l'invention a commencé à se lever, puis est partie dans les airs !
Au début, je pensais que c'était une simple illusion, une tour de passe-passe, mais non ! Il fit le tour de la colline et s'arrêta à ses pieds, tremblant et pâle comme un homme s'apprêtant à quitter ce monde, mais intact ! Je l'ai nourri, lui ai fourni repos, et convoqué à mon étude, d'où il vient tout juste de partir. Demain, je vais essayer cette machine. Dastan essayait de faire objection, mais il a consenti après que j'ai offert mon prix. Vraiment, la richesse peut ouvrir de nombreuses portes et j'ai la chance de posséder suffisamment pour me permettre une telle négociation.
Demain, si Dieu le veut, le nom Amaro entrera dans l'histoire comme le premier homme à avoir pris son vol ! Mon cousin sera si envieux !
Partie 4
[La voix du noble se brise avant de pouvoir prononcer un mot, et des pleurs peuvent être entendus pendant quelques instants avant qu'il ne se compose pour parler clairement]
Les mots m'échappent. Il n'y a vraiment aucun moyen de décrire cette merveille. Le vent dans mon visage, s'élancer au-dessus du sol, voir le monde comme je ne l'ai jamais vu auparavant ! Dastan… un génie ! Un visionnaire, béni de Dieu, car comment expliquer son talent ?
Aujourd'hui, il se repose dans ma meilleure chambre d'hôtes, mes serviteurs répondant à tous ses besoins, sans aucune dépense épargnée. Demain, nous parlerons de beaucoup de choses. Mon crâne est près d'éclater avec toutes ces pensées sur ce qui pourrait être réalisé avec cette invention.
Et maintenant que j'ai goûté au vol, je peux à peine arrêter de penser de retourner le faire à nouveau.
Partie 5
Amaro : J'aimerais beaucoup que cela soit enregistré pour la postérité. Toutes les chroniques se souviendront de ce jour, Dastan !
Dastan : Comme mon seigneur le voudra, bien qu'il me faille répéter que la démarche sera… difficile.
Amaro : Absurdité ! Ce que vous avez réussi une fois, vous allez recommencer, et plus vite cette fois, avec mes fonds à votre disposition ! Ensemble, nous partagerons le don du vol avec les grands royaumes lointains ! Votre nom sera aussi reconnu que celui de Falx, et à juste titre !
Dastan : C'est trop d'honneur, mon seigneur.
Amaro : Assez de complaisance ! Ceux qui écoutent cet enregistrement connaîtront les noms de Dastan l'inventeur et de Tibalt Amaro son mécène ! Mais dites-moi, mon ami, avez-vous pensé à ce que j'ai demandé ?
Dastan : Oui, j'y ai réfléchi.
Amaro : Eh bien, parlez !
Dastan : Farah, mon seigneur.
Amaro : Fa-rah. Un mot étrange. Quel est son sens ?
[Silence pour quelques instants]
Amaro : Approprié. Vraiment. Très bien. Je proclame que nous construirons un atelier sur mes terres et, dans cet atelier, nous construirons les ailes de Farah de Dastan. Nous les mettrons à la disposition de tous au fil du temps, afin qu’aucun de ceux qui sont faits à l’image de Dieu ne puisse ignorer la joie du vol. C'est ce que je jure solennellement.
Dastan : Inshallah.
POST SCRIPTUM
J'ai jusqu'à présent trouvé aucune mention concrète de Tibalt Amaro, Dastan ou "des ailes de Farah", bien qu'il existe des enregistrements fragmentés suggérant l'existence d'ailes mécaniques d'une certaine description. On ne sait pas clairement combien ont été fabriquées ou combien sont encore intactes en notre ère sombre.
Il est à noter qu'une histoire d’enfants entendue par l’un de nos frères offre un détail intéressant, car elle concerne un ours volant. Le blason de la famille Amaro était un ours brun debout sur ses pattes postérieures. Pure coïncidence, peut-être, mais je l'ai enregistrée ici comme une curiosité.
L'espion et le Moineau
Partie 1
Votre honorable seigneurie,
Recruté avec succès. Ai dû prouver mes intentions, excuses au Baron Tassi pour avoir dérangé son sommeil et volé son pot de chambre - humour grivois.
Groupe rejoint est chapitre d'une plus grand organisation. Intentions floues, mais nombreuses mentions d'autosuffisance. Composé d'hommes et de femmes. Paysans principalement, quelques artisans : un cordonnier, deux charpentiers, une servante. Un peu moins d'une vingtaine d'âmes. Aucun ne sait lire ou écrire, je pense, mais je reste sur mes gardes.
M'attirerai leurs bonnes grâces et continuerai observation.
Attends vos missives.
Partie 2
Votre honorable seigneurie,
Suspicions confirmées. Entendu vantardises sur le butin issu d'un raid sur les propriétés de votre seigneurie et les réserves de bière du Vicomte Cardoso. Les bandits travaillent avec un autre groupe, considérés comme amis plutôt que compétiteurs - probablement un autre chapitre.
Cibles pour les attaques choisies suivant les besoins du moment - provisions médicinales en ce moment, conseil d'avertir tous ceux à risque. Le recrutement semble constant mais pas codifié, même si chacun doit faire ses preuves. Obtenir les biens d'un noble ou acquérir des provisions par escroquerie semblent les méthodes les plus communes.
Après qu'un nouveau venu soit accueilli, pas de soupçons de mauvaises intentions, confirmant la théorie de votre seigneurie - il ne s'agit pas de gens sophistiqués. Lieux de rencontre déterminés par une méthode dont je ne suis pas au courant, mais que j'ai l'intention de connaître.
Attends vos missives.
Partie 3
Ai attiré les soupçons de Florin, sujet d'Harrach, forgeron.
Conseille capture ou élimination à vue. Crâne dégarni, barbe noire tondue, posture robuste, mais marche voûté.
Prochain raid sur bétail du Seigneur Cardoso. Une taupe supposée ouvrir le passage, mais pas de violence prévue.
Partie 4
Votre honorable seigneurie,
Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses pour le ton de ma dernière missive. Étant surveillé, la concision était de mise et m'a forcé à omettre certaines formules dues à votre seigneurie.
Possibilité d'écrire cette missive dans le confort. Repos après raid déjoué.
Florin mort de putréfaction suite à sa blessure par flèche - mes compliments aux archers du seigneur Harrach.
Groupe actuellement caché dans les Capillaires. Recommande retenue dans les représailles, raisonnement comme suit : Aidé un garçon blessé du nom d'Antek à échapper aux éclaireurs du seigneur Harrach, impressionant le groupe.
J'implore votre seigneurie et ses alliés de m'accorder du temps jusqu'à ma prochaine missive. Vais tenter d'acquérir de l'autorité avant le prochain grand rassemblement des groupes, censé avoir lieu dans le mois.
Avec de la chance, je pourrais arriver à livrer à vos seigneuries plus que de simple fantassins.
Partie 5
Votre honorable seigneurie,
Mes sincères remerciements pour votre décision généreuse et sage de vous abstenir de violence contre les bandits. Je réalise que les récentes attaques ont été pénibles, mais mon plan porte ses fruits.
Ma contribution aux raids a été remarquée (mes excuses au garde de la propriété du vicomte Cardoso, je prie pour que son genou guérisse rapidement), et ma réputation dans le groupe est désormais bien établie.
J'ai été informé que le chapitre a été remarqué par un certain Moineau. Incertain pour l'instant s'il s'agit d'un surnom ou d'un titre, mais entendu souvent ces derniers temps.
Demain, nous allons rejoindre une réunion qui adressera la composition du groupe et ses priorités.
J'enverrai une autre missive dès que je serai capable de le faire en moindre compagnie.
Partie 6
Mon Seigneur.
Toutes mes excuses pour cette longue pause dans mes missives, mais j'ai à peine eu l'occasion d'écrire.
Les nouveaux ajouts à notre groupe incluent un scribe et une moniale évadée. Je préfère ne pas prendre de risques inutiles, car tous deux sont ardemment consacrés à notre cause.
La rencontre avec Moineau était semblable à un débat de roturier tapageur, avec de la bière, de la nourriture et et de la gaieté à profusion - un régal pour mon chapitre au moins, car nous étions aux prises avec des approvisionnements ces dernières semaines.
N'ai pas réussi à examiner Moineau de plus près, mais l'ai entendu parler - une femme de forte corpulence, peut-être une maçon ou autrement une travailleuse physique, avec une voix forte et beaucoup de partisans dans les rangs.
De nombreuses questions soulevées, parmi lesquelles l'attention supposée portée à "la Volée" - un surnom désormais également adopté par mes compatriotes - par les Gardes Noirs, des objectifs généraux pour les mois à venir, de nombreux commentaires sévères sur la vie dans les tunnels.
Entendu de nombreuses histoires, la plupart trouvent de nombreux auditeurs hochant la tête en signe d'accord. Surpris par la constance du groupe, bien qu'issu de nombreux horizons et parlant des langues différentes. Leur esprit sera difficile à subordonner à nouveau.
Écrirai à nouveau bientôt, les détails des nouvelles cibles devraient descendre de Moineau dans les prochains jours.
Partie 7
Mon Seigneur.
J'espère que ce message vous parviendra rapidement. La prochaine attaque planifiée cible le domaine de votre seigneurie dans le but de se procurer des objets de valeur à partir de leur stockage à Forteprise.
J'ai proposé qu'en raison du fait que certaines des marchandises détenues là-bas étaient liées au projet de Falx, il y avait un risque de représailles des Gardes Noirs, mais en vain - Moineau semble avoir rassuré toutes les personnes impliquées que le raid se concentrera sur la précision, donc que cela n'arrivera pas.
Antek et moi-même avons été choisis pour diriger le raid. Monseigneur, je demande une fois de plus humblement votre retenue - le raid doit atteindre au moins un succès partiel, car toutes les personnes impliquées s'attendent à une audience avec Moineau.
C'est ma chance de lui parler seule et de transmettre tout ce que j'apprendrai à Votre Seigneurie et à vos alliés. Antek et moi porterons des foulards rouges autour de la tête - je suis à peu près certain que personne d'autre n'utilisera un vêtement aussi distinctif.
Je supplie Votre Seigneurie d'ordonner aux gardes de nous laisser tous deux entrer sans être arrêtés, et je m'engage à ne prendre que ce qui est jugé nécessaire pour impressionner le groupe et Moineau.
Partie 8
Je vous écris affolé et déconcerté. Antek est mort, le jeune homme poignardé à la gorge, rendant son dernier souffle dans l'intérêt de la cause.
Ma cause.
N'ai-je pas précisé que nous serions habillés distinctement ? N'ai-je pas clairement exprimé mon souhait que le garçon soit indemne ?
La lettre que j'ai passée a été lue, je le sais car l'un des gardes, me voyant approcher, a déposé les armes et m'a indiqué le maigre trésor mis de côté pour que je puisse l'emporter.
Pourquoi alors, je vous prie, cette même approche n'a-t-elle pas été étendue à Antek quelques instants auparavant ? Monseigneur, je me rends compte que le ton de cette lettre est peut-être inapproprié, vous devez cependant connaître ma déception.
Le garçon était prometteur et était crucial pour bâtir ma bonne réputation parmi "la Volée". Je suis maintenant privé non seulement d'un compatriote, mais d'un atout précieux.
J'ai été invité à rencontrer Moineau. Attendez-vous à ma prochaine missive peu de temps après.
Partie 9
Moineau sait, a vu clair dans mon stratagème, en suis certain.
Écris à la hâte, suis surveillé. Prochaine attaque : convoi hebdomadaire du baron Tassi. Moineau commandera.
Prévois de me rendre aux gardes, ceinture rouge en travers de la tunique. Capturez-moi et livrez-moi à vos Seigneuries pour plus de détails sur "la Volée" et Moineau.
Partie 10
A quiconque lira ceci.
J'aurais dû voir les gaffes stupides de vos gardes quand Emric ou quel que soit son vrai nom est tombé avec un carreau d'arbalète dans la tête. Le bâtard pensait qu'il était si intelligent, mais pas assez intelligent pour brouiller ses traces. Celle qui vous a transmis ses messages a été prévenue. Pour son bien, que ce soit le dernier qu'elle livre.
Vous devez nous considérer comme des imbéciles incapables de reconnaître un espion quand ils en voient un. S'il y en a d'autres, je le saurai. Et quand je le saurai, une exécution rapide sera la meilleure chose sur laquelle ils pourront compter.
Nous ne sommes pas cruels, mais nous pouvons l'être si c'est la seule chose que vous les seigneurs puissiez comprendre.
Combien de vos hommes avons-nous tués ces derniers mois ? Une poignée, peut-être, des accidents peuvent survenir. Davantage de vos serviteurs, sujets, voire gardes, ont rejoint nos rangs lorsqu'ils ont compris la vérité.
Nous n'avons pas besoin de vous. Il n'y a pas de champs à cultiver dans cette obscurité, pas de châteaux pour impressionner au loin, pas d'autorité que vous détenez qui ne puisse être contestée. Pourquoi servirions-nous ceux qui n'ont rien d'autre à offrir qu'un labeur sans fin et qui s'attendent juste à se faire lécher les bottes ?
La Volée offre à chaque homme et femme un moyen de prendre sa vie en main. S'ils servent, c'est uniquement parce qu'ils le souhaitent, et non parce qu'ils y sont forcés. En chacun de nous, bien que nous venions d'endroits disparates et que nous ne soyons pas tous paysans, bourgeois ou soldats, nous comprenons bien cette vérité universelle : notre destin, c'est à nous de le forger. Et nous n'avons pas besoin d'approbation, de Dieu Tout-Puissant peut-être, mais pas de personnes comme vous.
Lorsque nous nous établirons et nous ferons connaître de tous, nous vous approcherons peut-être pour traiter d'égal à égal. Jusque-là, ne croisez pas notre chemin, ou ce pourrait être vous allongé sur le sol avec un carreau d'arbalète dans le crâne.
Le Poids de la Pierre
Partie 1
Enregistrement statique et à long terme. Lieu d'origine : inconnu. État : bruit de fond, problèmes techniques.
"Et ceci est pour toi, ma jolie nièce !"
"Qu’est-ce que c’est ? C’est lourd ! Et clinquant. "
"Eh bien, pourquoi ne pas l'ouvrir, hmm ?"
"Est-ce que ce sont ... des pierres ?"
[Rire bruyant]
"Tu sembles si déçue ! Qu’y a-t-il de si mauvais avec ces pierres, petite Emili ?"
"Mais, des pierres, on en trouve partout !"
"Oui c'est vrai. Mais celles-ci sont spéciales."
"Des pierres spéciales ?"
"Des billes ! Je les ai fabriquées moi-même, tu vois ? Toutes rondes et lisses et faciles à tenir en main."
“Ce sont des pierres rondes. Mais toujours des pierres !”
"Haish, n’es-tu pas impatiente aujourd’hui. Viens voir. Laisse-moi te montrer... Tu en pose une par terre comme ça, tu vois ? Et puis tu prends les autres et tu essaye de... Ah-ha ! Je l'ai presque touchée. Tu veux essayer ?"
"Ça a l'air facile."
"C'est ce que tu penses, n’est-ce pas ? Veux-tu faire un pari avec ton oncle ?"
"Maman dit que ce n'est pas bien de faire des paris."
"Oui, ta mère a absolument raison. Eh bien dans ce cas, je suppose que je dois les reprendre et chercher un meilleur cadeau pour cette petite fille..."
"Non, donne-les moi ! Tu me les a offertes, alors elles sont à moi !"
"Mais tu n'en voulais pas, tu me disais..."
"Non ! Je les veux ! Tu ne pourras pas m'attraper alors tu ne pourras pas les reprendre !"
"Hoi ! Ne cours pas ! Attends - si ta mère te voit- ! Et elle s'enfuit... quel petit tourbillon."
Partie 2
"Hé Bert ! Tu es enfin sorti des tunnels ! Était-ce là ta nièce ?"
"Pour sûr. La fille pousse comme une racine d'eau, j'ai failli ne pas la reconnaître. Comment ça va ici ? Des nouvelles ?"
"Le marchand s'est fait rare. La dernière cargaison d'huile et de charbon était en retard – mais ils prennent toujours le minerai comme si c'était leur maudit droit."
"Chut Hal, pas si fort. Tu sais très bien que c'est leur droit, et nous devrions être fiers de procurer le minerai qu'ils utilisent dans la ville principale. Je te le dis, notre minerai c'est ce qui fabrique les chenilles et même tes lanternes !"
"Mais cela ne leur ferait pas de mal de montrer un peu plus d'appréciation, n'est-ce pas ?"
"Nous avons tous nos sacs à porter, là en bas. Et ce n'est pas comme si c'était mieux en haut, n'est-ce pas ?"
"Oui, tu as raison. Ce n'est pas facile, c'est tout. Mais tant que les tunnels ne s'épuiseront pas, ils auront besoin de nous."
"Oui. Oui, tant qu'il y aura du minerai..."
Partie 3
"Bertram, tu es de retour. Emilia est arrivée en courant il y a un instant. Elle a dit que tu lui avait offert des cailloux et que vous vouliez parier avec ? Est-ce bien sérieux ?"
"Miriam ! Ta petite tornade est rapide sur ses jambes, n'est-ce pas ? Et elle a la langue bien pendue, cette petite."
"Ne mêle pas mes enfants à des affaires louches, tu m'entends ? C'est déjà assez pénible que je doive sermonner son père à chaque fois. Vous les deux frères, je n'aurais jamais dû épouser un mineur !"
"Ach, Miriam, ne sois pas comme ça. Il n'y a que des mineurs dans cette ville, de toute façon !"
"Et tu as le culot d'en avoir l'air fier. Dis-moi, comment sont les tunnels ces jours-ci ? Ton frère revient tous les jours avec de la poussière collée partout. J'arrêterai bientôt de laver ses vêtements !"
"Les tunnels, hem."
[Voix basses qui s'estompent]
"Je ne vais pas te mentir, Miriam,... j'ai connu des jours meilleurs... mais sûrement..."
[Certaines entrées sont illisibles, le texte couvert d'éclaboussures et de taches]
Partie 4
"Le sixième tunnel à droite est épuisé."
"Et le troisième ?"
"Il reste quelques traces. Nous avons envoyé Bert et ses hommes il y a un jour, il devrait bientôt revenir."
"S'il n'y a pas de minerai à trouver là-bas non plus..."
"On ne pourra rien faire."
"Nous pouvons aller plus profond."
"Vous pensez que je n'y ai pas pensé ? Mais les hommes sont mal à l'aise, et je comprends d'où ils viennent. L'air en bas est vicié. Et appauvri."
"Mais vous avez testé les profondeurs. La lampe continuait de brûler même là en bas, n'est-ce pas ?"
"Jusqu'à présent, elle a continué à brûler. Mais si nous pouvons l'éviter..."
"Chut. Quelqu'un vient."
[Une demi-page semble avoir été déchirée, les bords sont irréguliers]
Partie 5
"Oh mon Dieu."
"Est-ce qu'ils... est-ce qu'ils vont bien?"
"Que s'est-il passé ?"
"Est-ce que c'est Bertram ? Que quelqu'un appelle les Gris !"
“....les tunnels. Là en bas, si les étais ont cédé..."
"C'est pour ça que nous avions besoin de cette cloche là en bas...!"
"Hé, mon gars. Est-ce que tu vas bien ? Peux-tu m'entendre ?"
"Quoi ? Je ne peux pas... Taisez-vous ! Je ne peux pas l'entendre !"
"Verdammt ! Où ? Est-ce que le reste d'entre vous est encore là en bas ?!"
"Nous devons monter une équipe de recherche tout de suite. Ils sont descendus dans le troisième tunnel, si nous nous dépêchons, nous pouvons encore...”
"...il y a deux jours..."
"Mais nous ne pouvons pas juste - !"
"Que quelqu'un lui apporte de l'eau et appelle..."
Le reste de la conversation est perdu. Malgré des écoutes répétées, la qualité de l'enregistrement et le chevauchement des lignes vocales rendirent une transcription complète impossible.
Partie 6
"Comment ça, il faut augmenter les prix ? Encore ? Ne me les avez-vous pas vendus deux fois moins cher la dernière fois ?"
"Bien sûr. Mais je ne peux plus."
"C'est tout ce que vous avez à dire ?"
"Écoutez, Halfred, je dois aussi me nourrir. Vous savez à quel point il est difficile d'obtenir des aliments frais de nos jours. Ce n'est pas comme si ça poussait sur des cailloux."
"Mais-"
"A prendre ou à laisser, Hal."
"...Bon !"
Partie 7
"Maman ?"
"Oui ma chérie? Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Est-ce que l'oncle Bert va aller mieux ?"
"... bien sûr, ma chérie. Il est grand et fort, n'est-ce pas ? Tout comme ton père. Tu sais comment sont les mineurs."
"Oui ! Tous les mineurs sont forts comme des beufes !"
"Des bœufs, mon lapin. Est-ce que la vieille Bergmann t'a encore encore parlé de la surface ? Cette femme a trop de temps libre… "
"Elle m'a dit que nous étions spéciaux !" Nous sommes forts et l'obscurité ne nous fera pas peur, il n'y a rien à craindre, car nous, les mineurs, avons toujours été là !"
"Rien à craindre... Eh bien, je suppose que ma petite sauvage n'a plus peur de rien, hein ? Tu tiens vraiment de ton père et de ton oncle."
"Oui ! Je serai grande et forte comme l'oncle Bert un jour, tu verras, maman !"
"Parfois, j'aimerais que ton père ait un peu plus de crainte en lui. Ou qu'il ait quelques pensées pour sa famille qui l'attend à la maison !"
"Mais maman, c'est toi qui l'as chassé avec ton balai la dernière fois..."
"Et il a mérité cette sermonade ! Maintenant viens, ton oncle attend ce médicament que tu portes."
Partie 8
"Cette pauvre famille."
"Ce n'était pas assez que Bertram revienne dans cet état, maintenant son frère aussi..."
"- entendu Miriam pleurer toute la nuit."
"Et la fille ?"
"Ils disent qu'il est allé trop profond,... pas assez d'air..."
"Chut, ils sortent le corps."
"De la pierre nous gagnons notre vie, et à la pierre nous retournerons."
Voici l'un des seuls enregistrements complets d'un enterrement dans un tunnel, une tradition locale observée dans les colonies minières rurales. Références croisées avec la documentation fournie dans le "Guide du Mineur vers les Profondeurs".
Partie 9
"C'est le dernier. Je ne reviendrai pas Hal. Tu es tout seul à partir de maintenant."
"Je vois. Je suppose que c'est adieu, alors."
"Je suis désolé."
"Non non. Tu dois aussi nourrir les tiens, n'est-ce pas ?"
"Ce n'est plus rentable de venir ici. Ils rationnent même les champignons maintenant, et il n'y a plus de négoce non plus."
"Ouais. Donc plus aucun marchandage sur vos marchandises, hein ? Haha. Ouais... tant pis."
"...tu es sûr de vouloir rester ? Pourquoi ne pas plier bagage et revenir avec moi ?"
"Non non. Je ne peux pas. Il y a encore la mine, n'est-ce pas ? Et les enfants sont toujours là aussi. Les Gris et les Cailloux. Même la vieille sorcière Bergman est toujours là, pour tout le bien que ça nous fait."
"Hal, à propos de ce puits de mine... Ach, tant pis. Il est trop tard maintenant, n'est-ce pas."
"Ils ne nous ont pas dit d'arrêter."
"Je vois."
"Bon. Je ne veux pas te retenir plus longtemps ! Allez, vas-y. Dis bonjour et adieu à ta femme de ma part."
"Adieu, Hal."
L'Admiratrice du Meunier
Partie 1
L'étang
Qu'aurait-il pu se passer si ce chaos n'était pas venu en travers de notre chemin ? Je n'arrête pas de penser à lui, ça me chagrine, ça me rend folle. Tout ce que je peux faire maintenant, c'est écrire ces souvenirs et dessiner ce dont je me souviens avec du charbon de bois de ce feu mourant.
Je me souviens très bien de la première fois que je l'ai vu car c'était une journée exceptionnellement belle et paisible. La récolte du seigle avait commencé mais je me suis éclipsée du travail tôt ce jour-là pour profiter de la soirée d'été tranquille dans la forêt. Les feuilles bruissaient doucement pendant que je marchais et de petites brindilles craquaient sous mes pieds. Des buissons et des fougères frôlaient mes jambes et mes bras.
J'ai atteint une clairière avec des arbres tombés et des flaques d'eau. Je me suis installé confortablement, allongée sur quelques rochers couverts de mousse. La surface était sèche et douce et les canneberges fleurissaient partout, bourdonnant de vie. Levant les yeux entre la cime des arbres, j'ai vu le ciel partiellement nuageux. Je ferais n'importe quoi pour revenir à ce moment.
Me sentant somnolente à cause de l'air doux et chaud, j'ai fermé les yeux et j'ai juste écouté. J'ai entendu des corbeaux se précipiter dans les arbres et de petits morceaux de branches éclabousser dans l'eau en dessous. Des abeilles bourdonnaient près de mon visage. Un renard glapit au loin.
Bruit de pas, claquement de branches et bruissement de la végétation. Le son m'a sorti de la brume. Je pensais que c'était un cerf. C'était très faible, mais se rapprochait. J'ai levé les yeux et j'ai vu un homme de grande taille marcher lentement vers le plus grand étang de la clairière. Il s'assit sur une vieille bûche juste au bord de l'eau. Il s'assit très tranquillement, tout comme moi, et regarda simplement l'eau et les insectes qui y dansaient.
Il avait le tein clair et de longs cheveux clairs avec des mèches ondulées. Son regard était froid mais en même temps doux et confiant. À en juger par ses mains robustes, ses épaules fortes et ses vêtements de lin rapiécés, c'était un homme qui travaillait dur.
Partie 2
Il se pencha en avant et ramassa quelque chose par terre. Il regarda sa trouvaille et sortit une ficelle de sa poche. Après un bref moment de bricolage, il semblait avoir fabriqué un collier qu'il accrocha autour de son cou. Un doux sourire se dessina sur son visage alors qu'il tenait la parure dans sa main, admirant sa simple création.
Je pris soin de rester immobile, de ne pas signaler ma présence. Je ne voulais pas perturber le silence avec ma maladresse. Et en même temps, je ne pouvais pas détacher mes yeux de lui.
Il sortit un morceau de parchemin plié et jauni du sac qu'il avait à sa ceinture et il se mit à griffonner, s'arrêtant de temps en temps levant les yeux, ses pensées semblant lointaines.
Soigneusement, il rangea le parchemin et s'agenouilla près de l'étang clair de la forêt et joignit ses mains. Il but une gorgée puis s'éclaboussa le visage, faisant scintiller sa courte barbe de gouttes d'eau.
Il enleva le collier qu'il avait confectionné et l'accrocha à une fine branche feuillue, regarda une dernière fois l'étang, puis s'éloigna avec contentement à travers les broussailles.
Bien sûr, j'étais curieuse et j'ai marché jusqu'à l'endroit où il était et j'ai inspecté le collier qu'il avait fabriqué. Il a été fabriqué à partir du gland d'un des chênes voisins. Si seulement j'avais eu le courage de me lever et de le saluer la première fois que je l'ai vu. Mais qui étais-je, la fille d'un éleveur de vaches timide, pour faire ça ?
Partie 3
Le chariot
Alors que la saison des récoltes s'écoulait et que l'automne touchait à sa fin, je retournais parfois vers les étangs de la forêt où j'avais vu pour la première fois cet homme mystérieux. Je ne l'avais pas vu auparavant dans mon village et je ne me souvenais pas non plus de l'avoir vu dans le village voisin. C'était comme s'il était apparu de nulle part et je ne pouvais pas m'empêcher de penser à lui, au point d'en avoir presque mal.
Le collier de gland était toujours accroché là, intact. La couleur verte estivale de la graine avait disparu et elle s'était transformée en un bronze brillant. À un moment donné, j'ai réalisé qu'il ne reviendrait probablement pas pour ça, alors je l'ai pris et je l'ai mis autour de mon cou. Je me sentais bête mais c'était joli, d'une manière enfantine et ludique.
Ma vie à la ferme est devenue plus occupée et plus difficile à mesure que l'hiver approchait. Les vaches devaient être nourries plusieurs fois par jour et les vaches traites le matin et le soir. L'eau dans leurs abreuvoirs a gelé et le bois de chauffage de notre chalet commençait à manquer. Lorsque les vents étaient sur le point de devenir glacials et l'air était à la neige, j'ai apporté avec moi ma petite charrette en bois dans la forêt d'épicéas voisine pour ramasser des bûches pour le chauffage à rapporter à la maison et à couper.
Alors que je me débattais avec les bûches gelées, un petit chariot à cheval, chargé de sacs et couvert de neige, est venu rouler sur le chemin forestier boueux. Le conducteur avait un manteau épais avec une capuche couvrant la moitié de son visage. La jument grise et lourde trottait énergiquement mais ralentit au pas après un léger tiraillement des mains du conducteur sur les rênes. La neige commençait à tomber lourdement et mes vêtements étaient maintenant tous couverts de blanc.
Le conducteur descendit du wagon et a leva la main en l'air en guise de salutation. J'ai fait signe moi aussi avec hésitation. Il sortit une épaisse couverture et la jeta sur son cheval. Il caressa la vieille jument grise entre les oreilles et elle renifla de contentement. Le conducteur se tourna vers moi.
"As-tu besoin de t'abriter de la tempête, jeune fille?" dit-il d'un air inquiet.
"Si tu as besoin d'aide, bien entendu."
Partie 4
Comme je commençais à avoir froid à cause de la neige et du vent, j'ai marché d'un pas hésitant et je suis montée dans le wagon. Il faisait sombre avec peu d'espace, mais au moins c'était sec et à l'abri du vent.
Avant que le conducteur n'entre dans le chariot, il détacha le cheval du harnais et le laissa marcher librement. Le chariot grinça quand il monta à côté de moi. Il se retourna derrière lui, me frôlant légèrement, alors qu'il ouvrait un sac de grain. Il en prit une poignée et appela son cheval, "Dapples, viens ici jeune fille."
La tête du cheval de trait s'enfonça dans le chariot et elle mangea joyeusement le grain de la main du conducteur.
"J'espère que ça ne te dérange pas qu'elle se joigne à nous." dit-il avec un sourire tout en frottant le museau du cheval.
Le conducteur rabaissa sa capuche et je me retrouvais à le fixer du regard en le reconnaissant. Ses cheveux étaient longs, légers et légèrement emmêlés sous l'épaisse capuche en laine et ses yeux étaient vert foncé. Mon cœur ne pouvait pas croire la chance que j'avais de tomber sur lui à nouveau.
"Nous ne nous attendions certainement pas à ce temps aujourd'hui. Dapples et moi venions juste de prendre livraison de grain à apporter au moulin."
"Êtes-vous... le meunier ?" demandais-je, car je me souvenais que le meunier du village voisin était beaucoup plus âgé.
"Pas exactement. Enfin... Je travaille au moulin maintenant que mon père est décédé. Je suis le fils du meunier." Il resta silencieux un moment et tripota les rênes. "Je suppose que cela fait de moi le meunier maintenant." Il me regarda avec un sourire triste.
"Je suis désolée pour votre père." marmonnai-je en regardant mes mains.
Nous restâmes assis en silence pendant un moment, épaule contre épaule, la neige fondante dégoulinant de nos manteaux et notre haleine fumant à cause du froid. Je voulais poser mille questions, mais je ne pouvais pas me résoudre à le faire quand je vis le regard blessé dans ses yeux. Mais peut-être que c'était exactement ce que j'aurais dû faire.
"Votre père devait compter beaucoup pour vous."
"C'était un homme rude comme le sont les meuniers, mais il avait un bon cœur. J'ai quitté ma vie de brasseur pour revenir au moulin quand il est tombé malade. Le vieil homme ne méritait pas moins." Le meunier s'exclaffa. "Le secteur de la brasserie me manque cependant. C'était un souffle de vie nouvelle par rapport aux lents travaux agricoles. Mais tant que j'arrive à brasser un peu de mon Hydromel du Meunier spécial, tout va bien."
Il sourit légèrement, puis aperçut le collier de gland qui pendait autour de mon cou.
Partie 5
"Ce collier..." Il s'arrêta.
Quand j'eus réalisé, mes joues rougirent et je me maudis de l'avoir encore, même si maintenant j'étais très contente de l'avoir gardé. Je balbutiais : "Je... je l'ai trouvé près..."”
"...de l'étang dans la forêt." Il dit lentement en me regardant d'un air curieux.
"En fait, je vous ai vu là-bas." J'avouais vite. "Et je..." Je commençais à jouer avec le nœud du collier.
Il leva la main en l'air pour m'arrêter avant que je puisse l'enlever.
"S'il vous plaît, gardez-le." Il rit de bon cœur et caressa doucement Dapples, qui était à moitié endormie. "Maintenant, où allons-nous ? Laissez-moi vous conduire. La tempête ne semble pas se calmer." Il recula son cheval et sauta du chariot.
"C'est très gentil. Mais je dois ramener le bois de chauffage à la maison." m'excusais-je.
"Dapples est peut-être une vieille jument, mais elle ne craint pas un peu de cargaison supplémentaire." Le meunier fit un clin d'œil, rattacha Dapples au chariot et entreprit de charger le bois de chauffage. Je me sentis un peu dépassée par cette gentillesse et je sautais rapidement sur mes pieds pour l'aider, en le remerciant encore et encore.
Partie 6
Nous montâmes dans le chariot, nos vêtements complètement recouverts de neige. Le meunier demanda à son cheval d'avancer au trot lent. Malgré le froid, j'ai trouvais le paysage hivernal ravissant. Les flocons de neige chatouillant la peau de mon visage et la morsure fraîche dans l'air. À bien y penser, c'était probablement l'hiver à la surface maintenant. S'il y avait un moyen de sentir à nouveau la neige.
J'avais un morceau de parchemin dans la poche de ma jupe que j'utilisais pour faire un croquis de Dapples marchant péniblement dans la neige. Le meunier jeta un coup d'œil sur le papier et je lui montrais timidement le dessin. Ses yeux s'illuminèrent.
"C'est très joli. D'une certaine manière, c'est comme... un poème sans paroles, n'est-ce pas ? Je... j'écrivais des poèmes."
Il ralentit Dapples à un virage serré sur la route.
"Je vous ai vu écrire quelque chose, quand je vous ai vu là-bas, à l'étang." remarquai-je en repliant à nouveau le parchemin puis en resserrant mon manteau autour de moi.
"C'était la première fois que j'écrivais après de nombreuses années sans écrire du tout." Il remarqua la curieuse étincelle dans mes yeux. "Je sais ce que vous pensez. Cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit quelque chose qui valait la peine d'être lu. Je ne voudrais pas vous ennuyer avec mes bêtises."
Il avait l'air un peu gêné alors j'en suis restée là. Peut-être n'avait-il jamais partagé ces choses avec qui que ce soit auparavant.
"Si vous le dites. Une autre fois alors." Nous nous regardâmes brièvement en souriant timidement.
Nous roulâmes sur la route alors que la tempête de neige semblait s'estomper. Ma peau était froide, mais j'avais chaud à l'intérieur tout le long du chemin du retour. Sa présence me fit me sentir tellement à l'aise et en sécurité d'une manière que je n'avais jamais ressentie auparavant.
Partie 7
Le moulin
Au début du printemps, alors qu'il était presque temps de semer le seigle, je conduisais les trois vaches de ma famille à travers les bois de la ville voisine. J'avais mon bâton pour les guider à travers les arbres, les laissant manger l'herbe clairsemée qui poussait là.
Je me tenais appuyée sur mon bâton, regardant la ville en contrebas, voyant les citadins vaquer à leurs occupations. De la fumée montait des cabanons, la douce odeur du pain frais flottait dans l'air, et les voiles blanches du moulin tournaient joyeusement dans le ciel clair.
De loin, je vis vu le meunier transporter des sacs de grain d'un chariot vers le moulin. Il se déplaçait vigoureusement, ne s'arrêtant pas pour faire une pause. Il salua quelques citadins alors qu'ils se rendaient en ville, puis écarta le cheval et la charrette avant de disparaître dans le moulin.
Je fus réveillée de ma rêverie en entendant les vaches de loin. Elles se dirigeaient toutes les trois dans les champs. D'un pas précipité, je les poursuivis mais hélas elles étaient pleines d'énergie printanière et d'effronterie et continuaient à courir devant moi. En me souvenant de cela maintenant, alors que je suis assise ici dans la montagne froide, je me rends compte à quel point j'aimais vraiment ces bêtes, même lorsqu'elles étaient si coquines.
Elles furent arrêtées par un fossé entre le moulin et le champ et je finis par les rejoindre. Je me suis mis entre elles et j'essayais de les retourner mais je finis par les effrayer. Une par une, elles se précipitèrent dans le fossé jusqu'à l'autre côté, me faisant perdre l'équilibre et me poussant dans la boue. Je me souviens encore du goût et de l'horrible sensation de mes pieds qui s'enfonçaient.
Partie 8
Je vis les génisses effrontées courir, sauter et bondir, se dirigeant vers l'herbe verte et ensoleillée de la colline près du moulin. Désespérément, j'essayais de les regrouper, mais à ce stade, elles étaient toutes trop espiègles. Elles finirent par se disperser, l'une d'elles pénétrant par la porte du moulin. Je regardais avec incrédulité. Il y eut une agitation, le bruit du bois qui s'écrasait et un nuage de farine s'envolant par la porte rapidement suivi d'une vache à l'aspect fantomatique couverte de farine blanche, beuglant et toussant.
Surgissant de la pluie de farinet, le meunier trébuchant, une pelle en bois à la main et des manches poussiéreuses retroussées jusqu'aux coudes, jurait : "Maudite vache, d'où viens-tu ? Pchouu !"”
Il hésita quand il me remarqua et me regarda de haut en bas. "S'il vous plaît, gardez vos animaux quelque part loin du moulin."”
"Elles se sont enfuies et…" commençai-je, agitée.
Il rit et haussa un sourcil quand il me reconnut. "Alors tu passes une mauvaise journée aussi, hein... gardienne de vaches ?" Il rit et épousseta la farine de sa poitrine. "La dernière fois, nous nous sommes rencontrés lors d'une tempête de neige, maintenant tu as apporté la pagaille des vaches et pris un bain de boue." Il posa la petite pelle en bois sur son épaule.
"Ton amie à quatre pattes a renversé deux sacs de farine d'épeautre et a fait tomber le levier de l'essieu en bois. Il est complètement coincé..."
Les voiles du moulin faisaient un agréable bruit bas et étouffé tandis que nous nous regardions. Je n'eus pas besoin de dire que j'étais au-delà de l'embarras à ce moment-là, juste désespérément debout là, sale, gelée et sans vaches. Mais son sourire me réconforta et m'assura qu'il n'était pas trop en colère.
"Le moulin s'en sortira. Les freins sont activés. Laisse-moi t'aider à rassembler tes animaux sauvages." Il avait l'air légèrement amusé alors qu'il attrapait une corde accrochée au mur du moulin.
Partie 9
Nous réussîmes à rassembler les vaches dans le pâturage pour chevaux à proximité. Il remarqua que je tremblais à cause des vêtements froids et humides que je portais, alors il m'amena à l'intérieur du moulin peu éclairé. C'était assez bruyant à l'intérieur à cause des machines en bois qui tournaient encore.
"Nous avions des vaches laitières quand j'étais petit" dit-il en me regardant, compréhensif. "Elles amenaient toujours des ennuis. On ne peut pas vivre avec elles et on ne peut pas vivre sans elles." Il mit son épais manteau de laine autour de mes épaules quand je m'assis. C'était encore chaud de son corps. La capuche était trop grande et me décoiffait les cheveux. Il écarta légèrement une mèche de mes yeux.
Il saisit un marteau en bois et commenca à travailler sur la machine disloquée. Je n'arrêtais pas de lui jeter des coups d'œil pendant qu'il travaillait. "Tu me regardes." marmonna-t-il en me regardant. "Viens m'aider plutôt."
Nous parvînmes à remettre la machine du moulin en état de marche et le meunier déclara qu'il avait besoin d'un verre. Il sortit fièrement une cruche de son Hydromel du Meunier maison que nous partageâmes. C'était délicieux, un riche goût de miel, de houblon, de grain et d'épices. Digne d'un noble ! Malheureusement, je doute que je puisse un jour y goûter à nouveau.
L'alcool transforma rapidement notre conversation un peu maladroite en plaisanteries amicales. Je lui posais des questions sur ses poèmes qu'il avait mentionnés lors de notre dernière rencontre et après beaucoup de persuasion, il en sortit quelques-uns qu'il avait écrits.
Partie 10
Un peu de nervosité se manifesta dans ses yeux quand il me dit que personne d'autre ne les avait entendus auparavant et il passa sa main dans ses cheveux plusieurs fois alors qu'il commençait à lire à haute voix.
"J'aime la façon dont ils décrivent les petits détails de la vie d'une manière si simple mais belle." dis-je alors qu'il faisait une brève pause. Il sembla soulagé d'entendre cela et retrouva son courage de continuer à réciter.
"Tu reconnaîtras celui-ci." Dit-il doucement en me regardant et il partagea ses mots comme il les avait mémorisés.
Gland sur une ficelle. N'est-ce pas une chose merveilleuse ? Un grand chêne né d'une petite graine. Croissance lente mais régulière. Disant silencieusement: "Ce n'est que tout ce dont j'ai besoin." Je porte ce gland avec moi. Cela me rappelle ce que contiennent les petites choses. Et ainsi cela me rend plus fort et audacieux.
Je sortis le gland qui pendait encore autour de mon cou. Le meunier hocha la tête en silence.
"J'aimerais te revoir bientôt. Il y a tellement de rumeurs étranges qui circulent dans les villages." Dit-il m'attirant dans une étreinte légère et chaleureuse. "Et ça ne me dérange vraiment pas de prendre soin de toi, gardienne de vaches."
"Je suis sûre que ce ne sont que des rumeurs." dis-je en rougissant. Oh, combien j'avais tort de dire cela.
Ce jour de printemps ensoleillé fut la dernière fois que je vis le meunier. Une semaine seulement après notre rencontre au moulin, le rassemblement et l'évacuation des villageois et des citadins commença. J'espère de tout mon cœur que le meunier est en sécurité dans un abri comme moi, afin que nous ayons une chance de nous retrouver quand tout cela sera fini. Si jamais. J'ai toujours ce gland, suspendu près de mon cœur. Cela me rappelle ce que j'ai perdu, mais cela me donne aussi de l'espoir. Aussi léger soit-il.
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